Jadis je travaillait dans le milieu bancaire. Je me souviens qu’en tant que jeune adulte, cet environnement m’attirait. Il a quelque chose de quasi mystique, il donne un sentiment de puissance illimitée, de promesses intarissables. C’est enivrant.
Je me rappelle encore des portes de la banque UBS à St-François qui s’ouvrent sur un hall d’accueil de 300m2, tout en marbre, sur 3 étages ouverts. Tout cela donne le sentiment que tout est possible, que le monde nous appartient… enfin pour les bons client·es et les banquier·ères. Pour les autres, il y a plutôt un malaise qui s’installe, une sensation d’insignifiance, d’infériorité, de ne pas être à sa place.
Il existe un autre type de bâtiment qui me procure les mêmes sensations contradictoires : les églises. Les fresques, l’ampleur du bâtiment, les vitraux qui se dégagent sur les cieux, les sentiments de puissance et d’insignifiance à la fois, tout semble appeler à la même scénographie remémorant la présence d’une entité supérieure.
Aux XIXe et XXe siècles, les banques ont construit un parc d’agences bancaires reprenant les codes scénographiques religieux en s’inspirant de la Renaissance, période qui s’inspire elle-même de la Grèce Antique. Une telle architecture était une manière de rassurer le client sur la stabilité et la puissance de la banque à laquelle il comptait confier son argent. Certains auteurs soutiennent qu’il y avait une sorte de course à qui construirait le plus gros bâtiment.
Il existe pourtant peu d’intérêt, dans la recherche, pour la question du rapprochement entre les scénographies bibliques et bancaires. Or, si un bâtiment imposant peut certes rassurer quant aux ressources financières dont le banque dispose, une telle ambiance cérémoniale ne parait pas absolument nécessaire… à moins que le banques souhaitaient faire paraitre, outre l’image de sécurité, celle de pouvoir.