Es-tu déjà tombé·e sur cette publicité de l’entreprise suisse Aligro qui semble vanter le réchauffement climatique ?
Aligro est une société coopérative suisse active dans le secteur de la grande distribution de libre-service de gros depuis 1960. Sur son site internet, on peut lire qu’elle est « particulièrement sensible à l’amélioration de ses performances environnementales ». Si rien ne nous permet de vérifier une telle affirmation, on peut en revanche constater qu’Aligro semble avoir une drôle de conception du réchauffement climatique. Un peu à la manière des médias illustrant la canicule par des photos de Spritz en terrasse, de bord de mer ou de boules de glaces (I), la publicité d’Aligro nous fait croire que le réchauffement climatique aurait ça de bon qu’il nous permettrait de profiter du soleil plus vite, plus souvent et plus longtemps.
Mais peut-on réellement fêter le réchauffement climatique ?
Si, sous nos latitudes, on pourrait croire qu’1 ou 2°C de plus ne nous ferait pas de mal, il s’agit bien évidemment d’un leurre. Car si l’on peut effectivement se réjouir d’une terrasse au mois de mars, ce n’est pas le cas de nombre d’espèces animales et végétales qui voient leur cycle perturbé. Et puis on aura en revanche bien moins envie de fêter le dérèglement du climat lorsque nous suffoquerons sous les chaleurs estivales.
En 2022, on estimait à 15’000 le nombre de mort en lien avec les graves vagues de chaleur.
Office des Nations Unies à Genève, Europe : au moins 15.000 décès directement liés aux canicules en 2022, selon l’OMS, 8 novembre 2022
Il convient également de se souvenir des feux de forêt d’une ampleur inégalée et de la situation de sécheresse importante et inquiétante que nous avons connus en Europe. Or, de tels étés pourraient bien devenir la norme après 2050 (I).
« Oui, mais c’est juste une pub’ rigolote, non ? »
Rappelons-nous que la publicité est omniprésente dans nos vies et, qu’on le veuille ou non, influence nos imaginaires. Ces images ont en effet la capacité d’influer profondément sur nos convictions philosophiques et nos aspirations ainsi que sur nos valeurs et pratiques culturelles (I).
A l’heure où la conscience sociétale des dangers climatiques est encore insuffisante pour induire un changement fondamental de notre système, il est primordial que l’ensemble des acteurs n’émettent aucun message niant ou minimisant cette réalité scientifique. Le GIEC prône en effet une synergie multi acteur·ices impliquant tous les niveaux de la société (I).
Contactée par nos soins, l’entreprise Aligro s’est dite désolée que sa communication ait heurté alors qu’elle avait pour objectif « d’amener un sourire sur le visage des passants et internautes dans une période où les températures remontent et permettent d’entrevoir la réouverture des terrasses et balcons« , indépendamment du dérèglement climatique qu’elle ne chercherait surtout pas à minimiser. Dans son e-mail de réponse, Aligro écrit même « qu’il n’est absolument pas question de fêter le réchauffement du climat, mais simplement l’arrivée des beaux jours ».
Si, selon Aligro, sa publicité n’a aucun lien avec le réchauffement climatique, permettez-nous de nous étonner de la drôle de coïncidence des consonances entre climatique et sympathique… Et rendons-les attentif, pour l’année prochaine, à la proximité auditive entre balnéaire et planétaire, histoire qu’on n’ait pas à fêter le dépassement de la prochaine limite les pieds dans le sable.